vendredi 5 décembre 2008

Lettres aux élus

Voici une lettre type a faire parvenir à tous les élus que nous pouvons autour de nous.




Monsieur le

Madame le (à décliner en fonction de la qualité de l’élu(e))




Enseignant-chercheur (ou personnel BIATOSS ou étudiant(e)) de l’Université Picardie Jules Verne, je me permets d’attirer votre attention sur les atteintes graves que portent les réformes engagées par le gouvernement au service public de l’enseignement supérieur et de la recherche, et, au-delà, au service public de l’éducation et sur leurs conséquences spécifiques en Picardie.


Ces réformes qui visent notamment la formation et le recrutement des enseignants du primaire et du secondaire, dite réforme de mastérisation, et le statut des enseignants-chercheurs organisent en effet de manière méthodique la destruction d’un service public dont vous connaissez l’importance pour notre région.


Au nom de l’amélioration du niveau de formation des enseignants, le gouvernement annonce l’allongement de la formation des enseignants de 4 à 5 ans. Dans un cadre de disparition des instituts de formation des maîtres (IUFM), transformés en école interne des universités, la formation des maîtres ne sera plus rémunérée alors qu’elle l’était auparavant. On comprend donc que cette réforme, qui vise avant tout à l’économie de deniers publics, aura pour conséquence de fermer encore un peu plus l’accès des classes populaires aux métiers de l'éducation, en augmentant le coût de leurs études. Dans une région où les étudiants boursiers sont nombreux, elle suscite de légitimes inquiétudes. D’autant que, sur les contingents d’étudiants de ces Masters enseignement, peu auront la chance d’obtenir un concours de plus en plus difficile d’accès du fait de la suppression de très nombreux postes. Les étudiants titulaires d’un Master s’étant préparés spécifiquement aux métiers de l’enseignement qui auront échoués au concours iront grossir les rangs des enseignants précaires, recrutés en CDD, sommés de remplacer au pied levé les professeurs absents. C'est évidemment la qualité de l'éducation de nos enfants qui en souffrira.


Le statut des enseignants-chercheurs fait également l’objet d’atteintes inédites, qui remettent fondamentalement en cause la qualité de l’enseignement et menace gravement l’avenir de notre Université. Alors que l’actuel statut prévoit que les enseignants-chercheurs répartissent leurs activités, de manière équilibrée, entre la recherche et l’enseignement, le gouvernement annonce aujourd’hui une sélection arbitraire entre ceux qu’il qualifie de « meilleurs » chercheurs lesquels verront leurs services allégés au détriment de leurs collègues qui seront définitivement rangés dans la catégorie « mauvais chercheurs » et qui prendront en charge les enseignements non effectués par leurs collègues. La conséquence étant le doublement de la charge de service sans contrepartie financière pour ces derniers. L’objectif n’est pas de créer un vivier d’élite à un moment où la concurrence mondiale de la recherche impose une masse critique d’enseignant-chercheurs mais bien d’économiser les heures supplémentaires aujourd’hui rémunérées. Alors qu’à l’Université, l’enseignement est intimement lié à la recherche, cette réforme entend sanctionner les enseignants-chercheurs, qualifiés de mauvais chercheurs, au nom de critères inadaptés et à l’appréciation discrétionnaire et arbitraire du Président de l’Université et de son conseil d’administration, en leur donnant plus d’heures d’enseignement. L’augmentation des heures d’enseignement ayant inévitablement pour conséquence que le temps passé à préparer les cours, corriger les copies ou encadrer les mémoires sera moins important. Comme la très grande majorité des enseignants-chercheurs, surchargés de cours, n’auront plus de temps pour la recherche, les laboratoires de recherche risquent de disparaître à terme et, avec eux, les Masters qui leur sont adossés. Ce qui est dramatique dans une région comme la Picardie où l’Université accueille une population étudiante socialement défavorisée (40% de boursiers) qui, sans l’université d’Amiens, n’auraient pas accès à l’enseignement supérieur. Ce qui veut dire que la disparition de l’UPJV, ou du moins sa transformation en « collège universitaire », qui ne couvrirait que les deux premières années, aura pour conséquence la disparition d’une population issue des couches sociales aux revenus modestes et conséquemment la baisse du niveau global de la population. Alors même que le secteur public et privé en Picardie recrute nombre de nos étudiants. Dans un bassin d’emploi sinistré, les conséquences seront donc lourdes. D’autant que le pari de l’adaptabilité à l’emploi et aux reconversions ne peut se faire justement que grâce à des formations de bon niveau.


C’est pourquoi de nombreux enseignants-chercheurs, personnels BIATOSS et étudiants se mobilisent aujourd’hui pour défendre l’Université. Un comité de défense de l’Université a été créé que nous vous invitons à rejoindre, afin de pouvoir, au niveau local et national, vous faire le relais de ces préoccupations.


Je vous prie d’agréer, Monsieur le…, l’expression de mes salutations respectueuses.

Aucun commentaire: