mercredi 8 avril 2009

la lutte continue...‏

Reprendre les cours sans avoir gagné revient à accepter la défaite.
Chaque jour qui passe met un peu plus en péril le semestre et, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, c'est une perspective que le gouvernement ne peut pas se permettre d'envisager. La com officielle sur ce sujet (chantage aux bons sentiments)montre que le gouvernement veut à tout prix cacher cet aspect des choses. C'est pourquoi il faudrait (dans une opération de contre-com) lui donner une publicité massive.

La rétention des notes (et autres formes de lutte analogues) n'est efficace que si l'action est menée jusqu'au bout : les étudiants ne pourraient pas s'inscrire en 2009-2010. Pour les étudiants c'est la pire des hypothèses : les examens ayant eu lieu, je ne vois pas comment on pourrait leur accorder au dernier moment une validation générale. En
outre, la rétention des notes présente un inconvénient majeur : contrairement à la grève, elle est illégale. La pratiquer, c'est
s'exposer à des sanctions très lourdes. J'ai le vague souvenir d'une action de ce genre qui avait très mal tourné pour les "rétenteurs" : perte des 3 mois de traitement entre le moment où les notes auraient dû être rendues (juin) et celui où elles le furent finalement (septembre)sous la menace d'une mise en examen.

La grève présente le double avantage d'être légale et (dans notre cas)financièrement indolore. Idem pour la démission des charges administratives.

Cela dit, j'expose là des positions de principe qu'il serait ridicule de vouloir maintenir contre la réalité des situations locales. La grève ne peut être maintenue que là où il est possible de la maintenir. L'allure tautologique de cette phrase en confirme l'évidence. Dans une situation comme celle de Nantes (exposée par Natacha), il est inutile de s'obstiner : il faut alors envisager d'autres moyens pour continuer la lutte. Mais la grève - et donc la menace sur le semestre - doit
continuer et s'intensifier partout où c'est possible. C'est l'existence de ces facs jusqu'auboutistes qui permet justement aux autres de passer à des formes d'action différentes et de maintenir le mouvement dans son ensemble. Si les premières cèdent, le mouvement s'effondre sur lui-même.

Je n'ai jamais pensé que la victoire serait rapide. Deux mois de grève, le gouvernement s'en fiche : cela faisait partie de ses prévisions. C'est seulement après cette "mise en bouche" que les choses deviennent sérieuses. La grève a réellement commencé le 20 mars quand elle a dépassé le délai que le gouvernement s'était accordé à lui même (jonction avec la grève du 19). A partir de là, la grève devient gênante. Cela fait donc à peine plus de 15 jours que nous sommes vraiment en grève. Ce n'est évidemment pas le moment de s'arrêter alors que nous commençons à peine!

Dans cette perspective d'une action de très longue durée, j'ai toujours pensé que, là où elle se prolongerait, il faudrait en venir au report des examens en septembre. Comme en 68. Je vous rejoint donc sur ce point. Cela permet de passer le cap des européennes. A ce moment-là, Darcos et Pécresse auront été remplacés. Un nouveau ministre n'est pas tenu par les mesures de son prédécesseur. Si le gouvernement na pas cédé avant, il sera plus facile d'obtenir ce que nous voulons.

Il ne faut jamais dévoiler ses batteries trop tôt. C'est pourquoi les mesures de "validation générale du semestre" me semblent prématurées. Cela affaiblit notre position puisque notre propre chantage au redoublement massif devient moins efficace. Tout en comprenant l'inquiétude grandissante des étudiants, je leur suggère de rester stoïques devant les circonstances. Ils peuvent avoir confiance (ça aide pour rester serein dans la tempête). Aucun de nous ne fera rien qui puisse leur porter un préjudice réel. Si la prolongation du conflit était telle que m^me l'organisation d'une session de septembre devienne improbable, je serais le premier à voter pour la validation du semestre pour tous.

En conclusion : nous avons engagé un mouvement qui ne peut se terminer que par une victoire ou une défaite : toute solution intermédiaire serait une défaite. Si nous sommes vaincus, comme nos collègues du secondaire en 2003, nous nous trouverons pour très longtemps dans la situation qui est la leur aujourd'hui : assommés et incapables de réagir. Voir aussi l'exemple des mineurs britanniques : rayés de la carte des vivants. En revanche, une victoire, même partielle, nous
permettra de poursuivre l'action pendant les mois à venir (sur le mode par exemple de "L'université se réforme elle-même"). De toute façon, en cas de victoire, même partielle, les prochains ministres y réfléchiront à trois fois avant de prendre un quelconque décret d'application de la LRU. En cas de défaite, ils auront les mains libres.

Pedro Cordoba
Université de Paris-Sorbonne

5 commentaires:

Anonyme a dit…

est-ce que c'est bien opportun de mettre ça sur le blog? Il s'agit d'échanges de mail qui ne sont pas censés être rendus publics...

MobilisationUPJV a dit…

Mais c'est aussi des nouvelles d'ailleurs et aussi pas que mon point de vue personnel sur la question.

Il explique aussi pourquoi ne pas reprendre les cours, pourquoi la rétention des notes et pourquoi ne pas arrêter maintenant.

Anonyme a dit…

Hélas, les plans de rattrapage ont été donné. Les exams auront lieux.
Nous avons perdu nos moyens de pression.
La grève est finie.

MobilisationUPJV a dit…

T'es dans quelle section ?

Parce que nous en Art, nous avaons toujours pas de date, les profs sont toujours en grève, nous occupons toujours.

Et les Sciences et le Campus sont toujours bloqués.

Anonyme a dit…

Cathédrale. CQFD.