vendredi 3 avril 2009

Vote electronique

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Picardie-Express/Les-etudiants-aux-urnes

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Universite-les-profs-durcissent-leur-action/Vote-sur-le-blocage


¤ Pourquoi les étudiants doivent refuser la tenue du "référendum" électronique par Internet ? ¤


I/ Les Caractéristiques d’un vote démocratique

Selon les Nations Unies, dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme de 1948 (article 21) :
« La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote. »

Pour l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), dans son manuel d’observation des élections :
« Le concept d’élections honnêtes suppose que le processus électoral se déroule dans la transparence et conformément à l’obligation de rendre des comptes et que l’électorat soit en mesure de faire un choix réel et informé, — ces conditions assurant la confiance des électeurs dans le processus électoral. »

Ces déclarations mettent l’accent sur plusieurs caractéristiques essentielles (mais non suffisantes) que doivent respecter des suffrages démocratiques. Ces caractéristiques (élections honnêtes, suffrage universel, liberté du vote, transparence, etc.) peuvent être exprimées plus clairement sous forme de concepts.

Cinq d’entre eux focalisent notre attention :
¤ transparence : chaque citoyen a le droit et la possibilité effective de contrôler toutes les étapes d’un scrutin,
¤ unicité : un vote par citoyen,
¤ confidentialité : chaque citoyen peut effectuer son choix en secret,
¤ anonymat : il est impossible de relier un bulletin au citoyen qui l’a choisi,
¤ sincérité : les résultats du scrutin reflètent fidèlement la volonté des citoyens.

Du respect de ces principes en toutes circonstances découle la confiance des votants dans le système électoral. Cette confiance est d’autant plus forte qu’elle est fondée sur le contrôle effectif et direct de la sincérité du scrutin. C’est la transparence qui permet à chaque votant de participer à l’observation pendant la journée, puis d’assister au dépouillement public, voire d’y prendre part, sans avoir à prévenir quiconque ou à demander une autorisation.
Le caractère direct de ce contrôle est essentiel.

Dans le cas contraire où il n’y a pas de transparence directe, et où l’organisation des élections sont exclusivement déléguées à certains (juges, maires, délégués munis de mandats spéciaux...), les simples citoyens ne jouissent plus d’aucun pouvoir, notamment pendant les scrutins (ils ne font pas partie de ceux qui ont le droit de contrôler les votes).

La procédure de vote par internet ne disposant pas de modèles organisationnels, légaux et technologiques définis par des standards et des normes internationales, elle ne se déroule pas toujours exactement de manière identique. Voici cependant le schéma général qui est suivi dans ses grandes lignes par les procédures usuelles de vote par internet dites sécurisées.

Les étudiants se connectent sur un site officiel de vote depuis n’importe quel ordinateur relié au réseau internet comportant un navigateur compatible avec l’application de vote s’exécutant sur le site officiel. Ils doivent alors s’identifier (donner leur identité) et s’authentifier (prouver leur identité), avant de voter. Un serveur recueille les votes et les stocke jusqu’à la clôture du scrutin. Il produit les résultats du vote à la clôture du scrutin.
Comme tous les votants ne disposent pas d’un ordinateur connecté à Internet, ce mode de vote doit être toujours mis en place en supplément de la procédure traditionnelle de vote.


II/ Les carences démocratiques du vote par Internet

¤ La confidentialité
Comme on peut voter depuis n’importe quel ordinateur, la question de la confidentialité est épineuse. S’assurer qu’il n’y a pas d’usurpation d’identité, que le citoyen est seul devant l’ordinateur et qu’il n’est soumis à aucune pression (qu’il s’agisse de pressions familiales ou d’achat/vente de vote) reste un problème insoluble.

¤ L'anonymat
Coté serveur, il est délicat de garantir l’anonymat puisque chaque bulletin voyage accompagné de l’identité du votant et que ces informations parviennent ensemble sur un premier serveur de vote.

¤ La transparence et la confiance
Comme pour les ordinateurs de vote, la transparence directe ne peut être effectivement mise en place car les bulletins de vote sont dématérialisés. L’urne, les bulletins, le cahier d’émargement sont remplacés par un dispositif qui «mime» l’existence de ces objets. Le processus de vote est ainsi déplacé du monde réel, dont l’expérience est à la portée de la majorité des citoyens, vers un monde virtuel où les constats effectués directement à travers nos perceptions (la vue, le toucher, etc.) ne s’appliquent pas.

Alors que dans le monde réel il est impossible de modifier ce qui est inscrit sur un bulletin enfermé dans une enveloppe scellée, dans le monde virtuel cette opération est faisable et même facile, elle peut porter sur un nombre important de votes, se dérouler en un instant et rester dissimulée lors des tests ou des expertises.

Alors que dans le monde réel la vacuité de l’urne peut être vérifiée visuellement (car l’urne est obligatoirement transparente) et même tactilement, il apparaît peu vraisemblable de prétendre vérifier qu’une «urne électronique» est vide en se fiant au seul affichage produit par un ordinateur.


III/ Les failles techniques du vote par Internet

Les fraudes ou malveillances internes peuvent être menées par une ou plusieurs personnes impliquées dans l’organisation du vote. Il peut s’agir d’un programmeur, d’un technicien chargé de la maintenance et des mises à jour, ou de toute personne ayant un accès physique ou logique au serveur.

Ces attaques sont les plus graves car elles sont faciles à mener, elles peuvent concerner un nombre de votes plus important que les attaques externes et rester complètement invisibles.
Il faut rappeler que le vote par internet fait partie du vote électronique et souffre des mêmes vulnérabilités et déficiences déjà constatées pour les ordinateurs de vote qui enregistrent les votes uniquement sur support électronique. En particulier, il est impossible d’être certain que les programmes s’exécutent exactement comme spécifiés. Il peut exister des autorités de certification mais elles n’ont pas la capacité de vérifier les programmes d’un serveur de vote, y compris en cours de vote, avec suffisamment de moyens et d’attention pour détecter toutes les erreurs, tentatives de fraudes internes et failles de sécurité.

Même les équipes de programmeurs au plus haut niveau international (qui travaillent dans le domaine de l’aérospatial) laissent passer des erreurs d’origine humaine. De plus, un examen très poussé ne peut être réalisé en quelques jours et nécessiterait plusieurs mois d’études de très haut niveau.

Pourtant, le risque de fraude interne est plus important que le risque de fraude externe car il est techniquement plus facile à mettre en place : il s’agit de personnes et de traitements automatisés ayant accès aux machines, aux mots de passe, et qui peuvent modifier furtivement l’exécution de programmes à l’insu de tous.

Enfin, centraliser les registres d’émargement facilite le bourrage d’urnes à grande échelle : un programme frauduleux peut générer les votes de nombreux étudiants abstentionnistes dans les derniers instants de la période de vote. Ce risque ne peut être maîtrisé par une surveillance du taux de participation (on a observé que les sites de vote connaissent des pics de fréquentation dans les derniers instants) et il ne peut être jugulé par un contrôle des votants (même si quelques étudiants découvrent qu’un vote a été enregistré à leur nom, alors qu’ils n’ont pas voté, leur parole sera mise en doute car il leur sera impossible de prouver qu’ils n’ont pas voté).

9 commentaires:

Sophie a dit…

Les étudiants de CAPES/ agrégation de langues n'ont *toujours pas* reçu de mail de la Présidence à propos du vote électronique ni, par conséquence, d'identifiants & de mots de passe alors que comme vous nous sommes inscrits à l'UPJV et notre fréquentation des cours dépend de notre accès à l'université.

Vincent a dit…

L'AG est légitime. Ce n'est pas par le biais d'un vote électronique que nous devons décider du sort de notre université. Boycottons tous le vote électronique ! Rendez-vous en AG, lundi à 12H pour continuer notre mobilisation et décider ou non de la levée du blocage. Sans AG, pas de débat. Et sans débat, plus de mouvement !

Anonyme a dit…

De même, j'ai des amis qui n'arrivent pas à avoir accès au serveur...

Moi, je ne voterai pas...Ce type de vote n'a aucune valeur juridique, ne tient sur rien, et n'est pas du tout transparent.

Je suis désolé, mais je ne me prononcerai pas.

Je ne comprends pas comment des professeurs peuvent accepter cela, même s'ils s'opposent au mouvement pacifique de blocage de l'Université...

Bon sang, par soucis démocratique, les professeurs ne peuvent soutenir un scrutin pareil...
Déjà, à partir de machine à voter ce n'est pas transparent, mais là, depuis Internet, c'est pire !!!

Le mouvement grandi de plus en plus.
Les professeurs de certaines universités, comme au Mirail, aident les étudiants.

Le Printemps sera chaud !

Anonyme a dit…

Certes l'initiative du président d'organiser un vote électronique est sujette à controverse. Cela dit, en AG ce n'est pas mieux.

"l'AG est légitime" : moi je dis, ça se défend. Légitime peut être, démocratique sûrement pas.

- Tout le campus ne peut pas tenir dans l'amphi 600 pour débattre et voter.
- Quand on vote, ce n'est pas anonyme ni contrôlé : n'importe qui (universitaire/non universitaire, campus/hors campus) peut y prendre part sans que personne ne s'en rende compte et, honnêtement, le vote à main levée sur 500->700 personnes c'est assez aléatoire.

Ma foi, si le mouvement et les AG sont si légitimes que ça, pourquoi ne pas organiser un vote à bulletin secret sur le campus. Ca aurait le mérite d'être démocratique. Qui plus est, personne ne pourrait plus contester notre mouvement dès lors que le blocage passerait en majorité.

Anonyme a dit…

Signer et FAIRE SIGNER la pétition nationale pour le maintien du vote papier (déjà plus de cent mille signatures), c'est important !
http://www.ordinateurs-de-vote.org/Comment-agir.html

Vincent a dit…

"Légitime peut être, démocratique sûrement pas."
L'AG est démocratique. Certes tout le campus ne peut pas tenir dans l'amphi 600 pour débattre et voter. Mais chaque étudiant est au courant de la tenue des AG. L'amphi 600 est souvent plein ! Ainsi, celui qui ne participe pas aux AG, c'est celui qui se moque du sort de nos universités !
En AG, lorsque l'on vote à main levée, on passe souvent inaperçu, alors qu'en votant sur internet, il est impossible de garantir l'anonymat.
Concernant les votants en AG, certes peut être 2 ou 3 personnes (sur 500 à 700 personnes) ne font pas parties du Campus. Mais cela reprèsente une part infime (environ 0.1 %) ! Le jour où les différents votes se joueront à 1 ou 2 voix près, ok, on pourra s'interroger sur l'"identité" des votants. Mais quand toutes les motions ou les différents votes passent à une très large majorité (comme c'est le cas cette année), ...

Enfin, concernant le vote à bulletin secret, pourquoi pas ! Le problème, c'est de savoir qui doit prendre en charge ce vote. La logique voudrait que ce soit les membres du comité de mobilisation. Et là encore, il y aurait des problèmes. D'abord cela prendrait un temps considérable (car les votes en AG ne concernent pas uniquement le blocage, mais aussi la grève, l'occupation des locaux, les différentes motions,...). Ensuite, les résultats risquent d'être fortement contestés !

C'est pourquoi le vote en AG me paraît le plus légitime et le plus démocratique ! Mais cette opinion n'engage que moi, et chacun est libre de défendre la sienne !

Enfin, je pense qu'il ne faut pas s'égarer. Nous sommes en lutte contre les projets du gouvernement, contre la politique Sarkozy (et donc celle de Darcos, celle de Pécresse). Nous ne devons surtout pas oublier cela et nous perdre dans des différends concernant les modalités de vote.

Anonyme a dit…

Avec le vote électronique on ouvre la concertation à des gens qui ont arrêté la fac. L'AG est ouverte à tous, si l'Amphi 600 ne tient pas tout le monde (on peut aller jusqu'à 900 personnes), alors on déménage au gymnase ou dehors. On pourra tenir 1500, 2000 pers ou plus.

L'AG, c'est la démocratie étudiante, c'est le lieu des décisions, de l'avenir du mouvement. Il y a moins d'étudiants au CA que de "personnalités extérieures". 20.000 étudiants à l'UPJV et 5 élus dans un CA qui décide de tout en ce moment, c'est de la démocratie ça? Alors si on nous enlève les AG, si on nous enlève les débats, la concertation, l'explication des réformes, leur remise en cause, que nous reste-il? RIEN.

Déjà que la fac d'Amiens est menacée, déjà que toutes les universités vont de plus en plus se fermer aux étudiants les plus pauvres, que les aides sociales vont être ruinées, que les masters recherche vont disparaître, on veut encore nous priver du seul lieu de vie étudiante.

L'AG est avec la rue notre dernière chance de sauver la faculté.

NON au vote éléctronique!
OUI aux Assemblées Générales!

NB : les profs aussi sont touchés par le blocage alors s'ils votent où est le problème? Après, l'an dernier le déblocage a été voté par l'apport de la centaine de profs pro-LRU, anti-blocage qu'on n'avait JAMAIS vu de tout le moment.

Anonyme a dit…

Je trouve que le vote électronique permet de s'exprimer aux étudiants qui suent au travail afin de financer leurs études, comme moi, par exemple.
Ensuite, je trouve qu'il est bien plus transparent et en accord avec la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. D'ailleurs, il y a toujours une référence au vote papier avec une urne, ce qui est rejeté en AG... Il faudrait m'expliquer !
Et les moyens de pression pour le vote qui seraient susceptibles d'exister devant un ordinateur, sont clairement présents en AG. Prouvez moi le contraire !
Quant aux étudiants en CAPE et CAPES, normal qu'ils n'aient pas le vote, vu qu'ils sont de l'IUFM, pas du campus même si certains cours ont lieu sur le campus !!

Anonyme a dit…

Le vote à mains levées n'est pas démocratique, le vote électronique non plus car

- le contrôle populaire de sa sincérité n'est pas possible
- le respect de l'anonymat ne peut être garanti.

La situation est même pire : une fraude peut être massive et absolument invisible.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire cette page d'un chercheur d'un labo CNRS d'informatique :

Je vous conseille en particulier "Voter n’est pas acheter"